
Voiture à hydrogène : miracle écologique ou mirage industriel ?
L’hydrogène est souvent présenté comme le carburant propre du futur. Les voitures à pile à combustible ne rejettent que de la vapeur d’eau et promettent une recharge rapide. Mais derrière cette image séduisante, la réalité énergétique et économique est plus complexe. Peut-on vraiment compter sur l’hydrogène pour sauver la planète ?
Pourquoi l’hydrogène fait rêver
Une voiture à hydrogène utilise une pile à combustible pour produire de l’électricité à partir d’hydrogène. Elle ne rejette que de l’eau.
Les promesses sont alléchantes :
- Autonomie : jusqu’à 600 km pour la Toyota Mirai
- Recharge rapide : 3 à 5 minutes, contre 30 à 60 minutes pour une recharge rapide de batterie (IEA).
- Zéro émission locale, donc adaptée aux zones urbaines.
La face cachée de l’hydrogène
La production mondiale d’hydrogène est à 95 % fossile, issue du gaz naturel. L’hydrogène dit "vert" représente seulement 2 % de la production et coûte 4 à 6 €/kg, contre 1 €/kg pour l’hydrogène "gris" (AIE, 2023).
Son rendement est faible : sur 100 kWh d’électricité, une voiture à hydrogène restitue 30 à 40 kWh, contre 75 à 85 kWh pour une voiture à batterie (Fraunhofer ISI, 2024).

Pourquoi si peu de voitures à hydrogène ?
Le prix est un frein majeur : une Toyota Mirai coûte près de 72 000 €.
Les infrastructures sont limitées :
- En janvier 2025, France Hydrogène recense 80 stations en service, dont 64 dédiées à la mobilité routière, et 91 autres en projet ou construction .
- En 2024, ce réseau s’est multiplié principalement en Île‑de‑France, Auvergne‑Rhône‑Alpes et Bourgogne‑Franche‑Comté .
En comparaison, il y a plus de 110 000 bornes électriques selon le ministère de la Transition Énergétique. De plus, le plein d’hydrogène revient à environ 60 € pour 500 km, plus cher que l’électricité.
Résultat : l’hydrogène reste une niche, pertinente surtout pour camions, trains et avions.
Qui pousse pour l’hydrogène ?
Des constructeurs comme Toyota ou Hyundai misent sur l’hydrogène pour diversifier leurs offres. Des groupes comme Air Liquide ou Engie y voient un marché futur pour l’industrie gazière.
Les annonces politiques servent souvent à afficher une image verte, mais la réalité industrielle reste limitée.
Sources
- AIE – The Future of Hydrogen (2023) : rapport sur la production et les usages de l’hydrogène.
- Fraunhofer ISI – Efficiency of Hydrogen Cars (2024) : étude comparative sur le rendement énergétique.
La voiture à hydrogène est-elle vraiment écologique ?
95 % de l’hydrogène est encore fossile. Tant que l’hydrogène vert reste minoritaire, l’impact carbone d’une voiture à hydrogène reste comparable à celui d’une thermique.
Pourquoi voit-on si peu de voitures à hydrogène ?
Le prix élevé, l’absence de stations et la concurrence de l’électrique à batterie freinent leur adoption massive.
L’hydrogène remplacera-t-il un jour l’électrique à batterie ?
C’est peu probable : l’hydrogène est surtout pertinent pour les poids lourds et l’industrie, pas pour les voitures individuelles.
Quels pays investissent vraiment dans l’hydrogène ?
Le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne investissent beaucoup, mais surtout pour l’industrie et les transports lourds.