
Son vivant, on critiquait Ozzy ; aujourd’hui, il est sanctifié
Ozzy Osbourne est mort le 22 juillet 2025. Depuis, les hommages pleuvent. Artistes, fans, médias : tous saluent le génie du « prince des ténèbres ». Pourtant, jusqu'à peu, l'opinion publique semblait plus moqueuse qu'admirative. Pourquoi ces éloges n'ont-ils pas été exprimés plus tôt ? Que révèle cette soudaine vénération ?
Une figure caricaturale de son vivant
Ozzy Osbourne a longtemps été résumé à ses frasques : morsure de chauve-souris, télé-réalité décadente (The Osbournes), discours confus dus à la maladie de Parkinson. Sa dimension musicale, pourtant majeure, était souvent reléguée au second plan. Le public retenait surtout le personnage, pas l’œuvre.
La mort, ce miroir flatteur
La disparition d’un artiste change notre regard. Ce que l’on jugeait 'gênant' devient 'émouvant'. Ce qu’on ignorait devient soudain essentiel. La mort fige l’image, empêche la chute, et facilite l’idéalisation. Ozzy n’a pas échappé à ce processus : moqué hier, vénéré aujourd’hui.
Un mécanisme bien connu : la canonisation posthume
Ozzy Osbourne n’est pas un cas isolé. Amy Winehouse, maltraitée médiatiquement de son vivant, est aujourd’hui inscrite au National Recording Registry (source). Kurt Cobain, souvent ridiculisé, est devenu une figure tragique et emblématique du rock (source). Ces exemples montrent combien la reconnaissance tarde souvent à venir.
Le rôle amplificateur des réseaux sociaux
Sur X (ex-Twitter), des extraits de concerts, des photos anciennes, des vidéos virales réécrivent le récit collectif. La machine émotionnelle fonctionne à plein. En quelques heures, le personnage flou devient mythe, l’anecdote devient légende. Les algorithmes facilitent cette propagation sans recul.
Pourquoi cette glorification tardive pose problème
Reconnaître un artiste après sa mort, c’est souvent trop tard. Cela empêche l’artiste de bénéficier de cette reconnaissance, de répondre, de transmettre. Cela perpétue aussi une idée romantique du 'génie incompris', alors que nombre de créateurs vivants sont encore ignorés aujourd’hui.
Ozzy Osbourne était-il encore actif avant sa mort ?
Oui. Il a sorti Patient Number 9 en 2022, un album salué par la critique, et a donné un ultime concert en juillet 2025 à Birmingham avec les membres de Black Sabbath.
Pourquoi la perception change-t-elle après la mort d’un artiste ?
Parce que la mort fige l’image. Elle empêche les faux pas futurs et crée une narration linéaire. Le public peut alors idéaliser sans être contredit par la réalité.
Ozzy Osbourne était-il reconnu à sa juste valeur de son vivant ?
Pas vraiment. Il était adulé par les fans de rock, mais souvent caricaturé dans les médias grand public. Son apport musical a été longtemps éclipsé par son image publique excessive.
Faut-il changer notre rapport aux artistes vivants ?
Oui. Il est essentiel de reconnaître les artistes tant qu’ils sont là. Les honorer de leur vivant est une forme de justice culturelle et humaine.