Superman, un mythe qui n’est pas si inoffensif

Superman : le mythe dangereux qui nous berne ?

Superman est sans doute le super-héros le plus célèbre du monde. Icône des comics américains, il incarne la justice et la puissance ultime. Mais sous ce costume frappé du « S », se cache un fantasme qui, selon certains sociologues et psychologues, pourrait se révéler dangereux pour notre société et notre perception du monde réel.

Un symbole culturel universel

Depuis sa création en 1938 par Jerry Siegel et Joe Shuster, Superman n’a cessé de fasciner. Il est rapidement devenu un archétype du héros providentiel, celui qui intervient pour sauver l’humanité d’elle-même. Ce succès se comprend dans le contexte d’une Amérique en pleine crise (la Grande Dépression) et à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Selon l’historien Ian Gordon (cf. Superman: The Persistence of an American Icon), Superman est une réponse à un besoin collectif : celui de croire en un sauveur invincible.

Un fantasme du surhomme qui interroge

Le problème, selon plusieurs chercheurs en psychologie sociale, c’est que Superman représente l’idée qu’un individu seul, supérieur, viendra toujours nous sauver. Une croyance séduisante mais qui peut nous déresponsabiliser. Comme l’explique le sociologue Jean-Noël Lafargue (Mythes et super-héros), cela peut entretenir une forme de passivité face aux crises : climatiques, économiques, sociales. Pourquoi agir si un héros parfait finira par tout arranger ?

Une masculinité stéréotypée et archaïque ?

Superman véhicule aussi l’image du mâle alpha : fort, invulnérable, émotionnellement distant. Cette représentation, selon la psychanalyste Susan Krauss Whitbourne (dans Psychology Today), peut renforcer des stéréotypes sur la virilité, peu adaptés aux enjeux sociétaux modernes qui valorisent l’empathie et la vulnérabilité.

Les dérives politiques du mythe du sauveur

L’idée qu’un homme providentiel règlera tous les problèmes n’est pas sans rappeler certains discours politiques. De nombreux politologues, comme Yascha Mounk (Le Peuple contre la démocratie), alertent sur le risque de populismes nourris par cette attente d’un leader « au-dessus des lois » capable de tout résoudre. Superman, même s’il n’est qu’un personnage fictif, participe de cette narration.

Faut-il bannir Superman ?

Évidemment non. Superman reste une figure passionnante, un mythe moderne qui nous aide parfois à rêver et à espérer. Mais il faut le lire avec du recul, en étant conscient des messages implicites qu’il véhicule. Comme toute fiction, il mérite d’être questionné, sans pour autant être censuré.


Superman encourage-t-il vraiment la passivité ?

Indirectement, oui. En présentant toujours un sauveur ultime, il entretient l’idée qu’on n’a pas à résoudre collectivement nos problèmes.

Le mythe de Superman est-il uniquement américain ?

Non, mais il a été pensé pour l’Amérique des années 1930. Aujourd’hui il s’exporte partout, ce qui invite à réfléchir à son impact mondial.

Faut-il arrêter de lire Superman ?

Pas du tout. Mais le lire de façon critique, en comprenant les mythes qu’il propage, est une bonne manière de l’apprécier sans naïveté.

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