
Faut-il laisser les bébés pleurer ?
« Laisse-le pleurer, ça lui fait les poumons », « sinon il va devenir capricieux »… Ces phrases, nous les avons tous entendues. Mais que valent-elles réellement ? Décryptage d’un sujet qui touche à la fois à l’instinct, à la science et aux croyances populaires.
Des croyances qui ont la vie dure
Pendant longtemps, on a cru qu’un bébé qui pleure cherchait simplement à attirer l’attention. D’où l’idée qu’il valait mieux ignorer ses pleurs pour ne pas « en faire un tyran ». Cette conception remonte au XIXe siècle, à une époque où la discipline rigide était vue comme un idéal éducatif.
Ce que dit la science du développement cérébral
Le cerveau du nourrisson est encore immature. Il n’a pas les connexions nécessaires pour gérer seul son stress. Quand il pleure, il sollicite l’adulte pour réguler ses émotions. Des études en neurosciences (notamment celles du Dr Allan Schore) montrent qu’un enfant laissé trop longtemps en détresse peut produire un excès de cortisol, l’hormone du stress, ce qui impacte la construction de son système nerveux.
Pleurer pour « faire les poumons », mythe ou réalité ?
C’est un argument souvent avancé par les générations précédentes. Pourtant, il n’existe aucune preuve médicale que pleurer renforce les poumons. Ce mythe persiste faute d’informations et parce qu’il rassure les parents fatigués.
Les conséquences sur l’attachement et l’émotionnel
Répondre aux pleurs n’est pas céder à un caprice : c’est sécuriser l’enfant. De nombreuses recherches en psychologie de l’attachement (Mary Ainsworth, John Bowlby) montrent que la disponibilité émotionnelle des parents aide à construire un lien sécure, gage de stabilité affective future. À l’inverse, des pleurs ignorés de manière répétée peuvent conduire à des schémas d’insécurité émotionnelle.
Et pour le sommeil ?
Certains parents choisissent des méthodes où l’on laisse pleurer pour que le bébé « apprenne à dormir seul ». Ces techniques (extinction graduée ou complète) sont controversées. Une étude publiée dans Early Human Development (Middlemiss et al., 2012) a montré que même si l’enfant finit par cesser de pleurer, son stress physiologique reste élevé, ce qui pose question sur le bien-fondé à long terme.
Trouver un équilibre au quotidien
Répondre à son bébé ne signifie pas le porter toute la journée. Il s’agit d’être attentif à ses signaux : parfois une parole douce ou poser la main suffit à le calmer. L’important est qu’il sente qu’il n’est pas seul face à ses émotions.
Conclusion : écouter son instinct, mais s’informer
Face à la fatigue et aux conseils contradictoires, il est difficile de savoir quoi faire. Pourtant, la science est claire : les bébés ne pleurent pas par manipulation. Répondre à leurs pleurs, c’est investir pour leur confiance future. Comme le dit le pédiatre Donald Winnicott, un parent « suffisamment bon » est déjà un grand cadeau pour l’enfant.
Est-ce grave de laisser pleurer un bébé ?
Sur un court épisode isolé, non. Mais des pleurs répétés ignorés peuvent affecter son sentiment de sécurité et augmenter son niveau de stress.
Faut-il toujours prendre un bébé dans les bras ?
Pas forcément. Lui parler, poser une main rassurante ou être simplement présent peut déjà l’apaiser. Chaque situation est unique.
Les bébés font-ils des caprices ?
Non, avant 1 an, un bébé n’a pas la capacité cognitive pour faire un caprice. Ses pleurs sont une manière de dire qu’il a un besoin à satisfaire.
Quels livres ou sources consulter ?
Vous pouvez lire « Le concept du continuum » de Jean Liedloff ou consulter les études de Mary Ainsworth sur l’attachement pour approfondir.