
Trump : stratégie douanière ou chaos organisé ?
On dit souvent que Trump improvise. Que ses décisions sont prises sur un coup de tête, à coups de tweets. Pourtant, dans le domaine du commerce international, une stratégie se dessine. Et si ce chaos apparent n’était qu’une méthode brutale, mais efficace, de repositionner les États-Unis au centre du jeu mondial ?
Un style qui déroute : menace, tweet et négociation
L’ancien président américain a surpris la planète en menaçant régulièrement ses partenaires commerciaux de lourdes taxes douanières. En 2018, Trump annonce une hausse de 25 % sur l’acier chinois. Puis il se rétracte. Puis il menace à nouveau. Cette méthode crée de l’incertitude, mais permet aussi de forcer des compromis rapides.
Ce n’est pas un hasard : cette stratégie de négociation à la dure s’appuie sur la position dominante des États-Unis. Plutôt que de passer par l’OMC, Trump transforme chaque relation bilatérale en bras de fer. Cela déconcerte, mais oblige l’adversaire à réagir.
Une tactique unilatérale mais assumée
Au lieu d’un raisonnement multilatéral, Trump pratique un commerce par transaction, où chaque pays est sommé de payer son prix : le Japon a réduit certains tarifs à 15 %, en contrepartie d’un engagement massif en faveur des intérêts américains, dont l’achat de Boeing, l’augmentation de son budget militaire et des investissements dépassant les 550 milliards de dollars.
Avec la Chine, le bras de fer a abouti à la signature du Phase One Deal en 2020. Pékin s’engageait à acheter 200 milliards $ de biens américains supplémentaires sur deux ans. Un accord loin d’être équilibré, mais symbolique.
Le monde se plie… temporairement
L’Europe a plié, le Japon a négocié, la Chine a transigé. Mais cette soumission apparente ne tient que par crainte du géant américain. À long terme, cette méthode affaiblit les alliances traditionnelles, crée des tensions commerciales latentes, et pousse certains pays à chercher des alternatives.
L’UE a ainsi renforcé ses liens avec l’Asie et l’Afrique, pendant que la Chine développe activement sa stratégie de dédollarisation.
➡️ Source : FMI
Le coût réel pour les Américains
Si la posture semble forte, les conséquences sont bien réelles pour les consommateurs américains. Une étude de 2021 du National Bureau of Economic Research estime que la guerre commerciale avec la Chine a coûté en moyenne 1 300 $ par an et par foyer.
En plus, certaines entreprises ont dû réorganiser leurs chaînes logistiques, entraînant hausses de prix et retards d’approvisionnement. Le déficit commercial, lui, n’a pas significativement baissé.
➡️ Source : NBER
Retour en force : une stratégie encore d’actualité ?
Alors que Trump envisage un retour en 2025, sa ligne dure vis-à-vis du commerce reste intacte. Ses soutiens affirment que cette stratégie crée des conditions favorables pour les industries américaines. En réalité, les retombées sont inégales, profitant à quelques secteurs protégés mais pénalisant les consommateurs et le commerce mondial.
La réactivation de droits de douane punitifs contre le Japon en juillet 2025 – avant d’être partiellement annulée – montre que l’instabilité reste une arme stratégique. Une arme à double tranchant, certes, mais toujours utilisée.
Vers une géopolitique du tarif ?
Ce que Trump met en place, c’est une géopolitique du tarif : utiliser les barrières douanières comme levier diplomatique. Cela rappelle l’embargo pétrolier des années 70 ou les sanctions contre l’Iran.
Sauf qu’ici, ce ne sont pas des mesures de sécurité, mais bien des outils de rééquilibrage économique agressif. L’avenir dira si cette approche s’impose, ou si elle isole durablement les États-Unis.
Trump a-t-il gagné avec sa guerre commerciale ?
Pas vraiment. Si certains accords ont été signés, les gains sont minimes comparés aux pertes pour les consommateurs et à l’instabilité générée sur le long terme.
Pourquoi ses alliés ont-ils cédé ?
Par peur de perdre l’accès au marché américain. La méthode de Trump repose sur la menace, plus que sur le compromis.
Y a-t-il des alternatives à cette approche ?
Oui. Le multilatéralisme, les accords commerciaux équilibrés, et la stabilité réglementaire sont préférés par la plupart des économistes internationaux.